Dépression post-partum ? Ce sont les signaux !

« Injonction au bonheur », c’est ainsi qu’un ami a qualifié les attentes de son entourage. Et son entourage le stressait complètement. En effet, après la naissance de sa fille, il n’a pas du tout plané dans les airs avec un sourire béât, comme tout le monde le supposait. Il se faufilait plutôt le long des couloirs de l’hôpital, accablé de soucis et d’angoisses.

Il avait déjà largement dépassé la trentaine lorsqu’il est devenu père pour la première fois. Un homme entreprenant, couronné de succès, un « gagnant », qui avait l’habitude de faire son business tout seul. Le fait que la paternité mette fin aux joies et aux libertés de la vie de célibataire lui pesait. A cela s’ajoutaient des craintes matérielles, car il s’était récemment mis à son compte. La perte de la position de numéro 1 dans la vie de sa partenaire lui a également laissé une profonde blessure (et le fait qu’il sache à quel point ce sentiment était immature n’a pas arrangé les choses). Dès qu’il le pouvait, il se réfugiait donc dans sa chambre, de mauvaise humeur, et ruminait des heures durant comment sortir de cette impasse. Il a fait une dépression post-partum (« post-partum » est le terme correct. Le terme parfois utilisé de « postnatal » fait référence à l’enfant).

Le sujet de la « dépression post-partum » est encore tabou. Elle touche ainsi un nouveau père sur dix (chez les mères, c’est environ une sur six). Par rapport à d’autres phases de la vie, le risque de dépression est grandement accru. En psychologie, on appelle « événement critique de la vie » ce type de rupture biographique. C’est en les surmontant que l’on peut grandir.

Le problème : Une dépression chez les hommes ne ressemble souvent pas à l’image que l’on s’en fait (abattu, sans motivation, morose). Les hommes sont plutôt enclins à une irritabilité accrue, à l’agressivité et à des actes impulsifs. Au lieu de chercher de l’aide, de nombreuses personnes concernées tentent d’évacuer la charge émotionnelle de leur propre chef. Mais les supposées « aides » activées – typiquement les excès d’alcool, de drogue, de sexe, de travail et/ou de sport – les font généralement s’enfoncer encore plus dans la tourmente. Car la douleur psychique ne peut pas être anesthésiée durablement. Ce sont des signaux indiquant que l’âme a besoin d’attention. Ce n’est que lorsqu’elle les reçoit qu’elle est soulagée.

Pas de chance non plus pour celui qui tombe sur un spécialiste qui n’est pas conscient que la dépression touche aussi les hommes/pères et qu’elle se manifeste chez eux par une symptomatologie différente de celle des femmes. Cela aussi, malheureusement, arrive trop souvent.

La bonne nouvelle : Le congé paternité introduit en 2021 est un facteur de protection important. Car il donne aussi aux pères un moment pour reprendre leur souffle et s’adapter à leur nouvelle situation de vie. Des études montrent que lorsqu’un homme prend un congé paternité, il est plus rare qu’il développe une dépression post-partum.

Une dépression post-partum survient chez environ 10% des pères. Tu n’es pas sûr d’être concerné? Ou tu penses que quelqu’un de ton entourage l’est ? Tu trouveras des informations et un test anonyme sur le site de Dépression post-partum Suisse. Important: chez les hommes, la dépression post-partum se manifeste généralement plus tard que chez la mère, soit dès le 3^ème mois après la naissance mais le plus souvent près de neuf mois après l’accouchement.

Sources : Cameron, Sedov & Tomfohr-Madsen, 2016 ; Da Costa et al., 2017 ; Paulson & Bazemore, 2010a)

Pour plus d’informations : Association suisse de la dépression post-partum

Plus d’informations sur le sujet dans notre article de fond
Congé paternité : l’essentiel en un coup d’œil